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Ouvrage 

Titre:
La nostalgie
Auteur:
Cassin (Barbara)
Edition:
Autrement
Réunion du:
14.03.2017

Commentaire

lanostalgie

Barbara Cassin, née en 1947, est philologue, philosophe, helléniste, germaniste et traductrice. Elle est directrice de recherche au CNRS, directrice de collections consacrées à la philosophie, et présidente du Collège International de Philosophie. Elle a participé à "l'Appel des Appels" de Roland Gori.

 

Partant de sa nostalgie de la Corse où elle n'a pas ses racines, Barbara Cassin s'interroge sur ce qu'est le sentiment d'être chez soi. Elle convoque pour cela Ulysse, Enée et Hannah Arendt, et montre que la nostalgie est moins une affaire de sol que de langue natale. Ulysse c'est la nostalgie dans la longue épopée du retour chez soi, pour Enée il n'y a plus de nostalgie car il emporte sa patrie avec lui et abandonne tout y compris sa langue, quant à Hannah Arendt, elle a sa langue pour patrie dans son exil américain. Le terme de nostalgie aurait été inventé, à partir de nostos (le retour) et d'algie (la douleur), pour désigner le mal du pays des mercenaires suisses de Louis XIV, que le chant des alpages faisait "fondre en larmes, déserter ou mourir […] tant il excitait en eux l'ardent désir de revoir leur pays".

 

Une lectrice helléniste fait état des erreurs qu'elle a relevées, dans les explications étymologiques ou dans la durée de l'absence d'Ulysse (vingt ans et non dix-sept), et du doute qu'instillent ces erreurs dans le reste du livre. Les lecteurs sont dans l'ensemble critiques avec l'écriture. L'approche très personnelle du début est accessible, accrocheuse, mais ensuite l'auteure change de style et passe à un texte jugé difficile, professoral, "trop intelligent pour moi ou trop creux ?", au point de susciter la question "de quoi ça parle ?". L'auteure présuppose à son lecteur des codes qu'il n'a pas forcément. La partie la plus accessible est probablement celle consacrée à Hannah Arendt. Il est vrai que l'écriture, un peu savante voire affectée, est plus évocatrice que démonstrative. Elle procède par des tours et des détours, "c'est un livre de cœur, écrit au fil de la plume".

 

Ce serait peut-être à travailler, crayon en main, plutôt qu'à simplement lire. Ou alors à laisser agir en nous, au-delà des problèmes de compréhension immédiate. Il peut suffire d'en retenir ce qui nous parle, ce qui nous concerne. Par exemple apprendre qu'il suffisait aux mercenaires suisses de Louis XIV d'apercevoir de loin leur village ou une vache dans un pré pour se remettre de leur "Heimweh". Ou savourer la belle expression "l'équivocité chancelante du monde". Ou encore s'attarder à l'une ou l'autre des notions développées : être chez soi c'est être reconnu et donc identifié, c'est aussi accepter la finitude ; on peut avoir sa langue comme patrie, comme le déclarait Hannah Arendt, qui dissociait l'appartenance à la langue de l'appartenance à un peuple ; la langue maternelle est celle où on peut inventer, par opposition à une langue faite de clichés tels que les actuels "éléments de langage" ; il est important de parler plus d'une langue pour connaître d'autres manières de penser, de sentir, en percevant ce qui est intraduisible littéralement, et pour nous rappeler que "quelque chose de l'essence véritable des choses que nous fabriquons et que nous nommons nous échappe".


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Mise à jour le 15/04/2025