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Ouvrage 

Titre:
Rue des pâquerettes
Auteur:
Charef (Mehdi)
Edition:
Hors d'atteinte
Réunion du:
18.06.2019

Commentaire

ruedespaquerettes

Mehdi Charef, né en 1952 en Algérie, est un écrivain, dramaturge, scénariste et réalisateur de cinéma français. On lui doit notamment "Le Thé au harem d'Archi Ahmed" paru en 1983, dont il écrit aussi le scénario. Le film, intitulé "Le Thé au harem d’Archimède", a remporté de nombreux prix.

 

Ici on est en 1962, Mehdi Charef a 10 ans. Il quitte l'Algérie avec sa mère et sa fratrie pour rejoindre son père, terrassier dans la banlieue de Paris depuis quelques années. Alors qu'ils s'attendent à un appartement dans les grands immeubles, le père les amène au bidonville des Pâquerettes, à Nanterre, où il est installé, de même que des milliers d'ouvriers étrangers – on en comptera jusqu'à 14 000. A presque 70 ans Mehdi Charef reconstruit ce passé dans un récit à hauteur d'enfant, il raconte, comme il l'a vécu alors, l'exil, le déracinement, le bidonville, la nécessaire adaptation.

 

La chronique du bidonville est bien sûr terrible, entre pauvreté, promiscuité, manque d'hygiène – le robinet d'eau est à l'extérieur et il y a des rats. Y vivre génère chez l'enfant un sentiment de honte, la peur d'être reconnu à l'extérieur comme venant de ce monde à part : "j'ai honte d'être là où je suis". Le déracinement aussi est douloureux : "Tout petits nous sommes déjà anéantis par l'exil". Sans parler de la misère subie en Algérie, quand la faim pousse la mère à cuisiner des escargots les rares jours de pluie et à voler du raisin chez un colon. Ce n'est que peu à peu qu'on apprend que le père, favorable à l'indépendance, a quitté l'Algérie quelques 3 ou 4 ans plus tôt.

 

Mais il y a aussi l'école, la découverte et l'intérêt pour la langue française, la personnalité du maître d'école qui enseigne le merveilleux de la vie et la possibilité d'être riche : "Le tableau, le livre, ces deux belles œuvres sont à jamais gravées en vous, leur beauté se reflète en vous, vous la portez comme un don, une richesse. C'est cela la possession. Vous êtes riches !"

 

Et il y a les rêves. Dans les passages en italique, le petit Ahmed imagine que son père, à force de creuser la terre, trouvera un jour une pépite, et se voit, lui, habiter un appartement confortable dans un des grands immeubles qu'on voit du bidonville.

 

La chronique au jour le jour, les péripéties et anecdotes à hauteur d'enfant en font un livre très intéressant et très agréable à lire. Le ton n'est pas revendicatif, il n'est pas grevé par une réflexion théorique, il reste celui d'un enfant curieux au milieu de toutes les difficultés rencontrées. Mehdi Charef l'a d'ailleurs déclaré dans une interview, il n'oublie pas mais il est sans rancœur. La question politique n'est pas au premier plan mais sous-tend néanmoins tout le récit.

 

Car on peut s'étonner que des bidonvilles de ce genre aient existé aussi tard en France (ils ont été détruits en 1974). Nanterre faisait partie de la banlieue rouge, la municipalité n'aurait-elle pas pu réagir ? Mais il n'y avait pas assez de logements dans les années 60 – c'est le temps où l'abbé Pierre a commencé son combat public. Les bidonvilles semblaient essaimer de fait, sans forcément une volonté délibérée, dans une relative tolérance des autorités. Les travailleurs n'étaient employés que par contrats successifs, pourtant en 1962 la France incitait encore au regroupement familial.

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Mise à jour le 15/04/2025