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Ouvrage 

Titre:
La Mer Noire dans les grands lacs
Auteur:
Lulu (Annie)
Edition:
Pocket
Réunion du:
17.01.2023

Commentaire

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Annie Lulu est une jeune écrivaine née à Iasi, en Roumanie, à 10 km de la frontière avec l'Ukraine, d'un père congolais et d'une mère roumaine. Elle vit en France, en bord de Seine. C'est son premier livre. Le titre est assez éloquent et pouvait sembler a priori une autobiographie. Il n'en est rien, même si bien sûr le personnage et son histoire se nourrissent de ce mélange peu commun.

De la rencontre entre la Roumanie et le Congo Kinshasa, improbable mais explicable par les choix politiques des états soviétiques de l'époque, l'héroïne du nom de Nili, tiraillée entre plusieurs racines identitaires, est une figure féminine d'émancipation qui cherche à comprendre son histoire. Deux géographies au départ, puis d'autres encore, et une série d'événements historiques se croisent et se rejoignent dans le cours vivant du récit.

Nili choisit de rechercher son père et de découvrir son histoire, en même temps que de plonger dans sa situation métisse. Tout au long du récit, elle s'adresse à l'enfant qu'elle a décidé de faire naître dans ce pays qu'il aura à (re)connaître. Le tableau est réaliste et terrible, les souffrances et les douleurs du continent africain avec les révoltes de ses peuples sont relayées par l'évocation des héros de l'indépendance dans plusieurs pays africains, comme Thomas Sankara, Kwame Nkrumah, Amilcar Cabral et d'autres.

 

Ce témoignage ne laisse pas indifférent. Il y a des lecteurs conquis :

­      "C'est une lecture qui m'a offert une belle surprise positive : âpre et très vivante, d'une écriture poétique et fervente de grande qualité, Annie Lulu décrit au-delà de l'impasse que serait une identité figée, une transmission/rupture générationnelle. D'une tyrannie à l'autre, d'un exil à une renaissance, la jeune autrice est cosmopolite par choix, a une belle intelligence du cœur et un esprit libre de tout tabou. A mettre entre toutes les mains !"

­      "Le style, que d'aucuns qualifient de galimatias poétique, ne m'a pas trop gêné, je me suis laissé bercer. J'ai beaucoup apprécié, c'est original. Il y a plus de mouvement dans la deuxième partie, quand Nili est moins centrée sur elle-même."

­      "C'est le témoignage utile et nécessaire d'un parcours où l'horreur est aux deux bouts de l'histoire, en Occident comme en Afrique. L'écriture est très réaliste, sans fard et en même temps très poétique."

­      "Nili cherche sa place dans ses deux cultures. Dans le discours de la mère roumaine elle est réduite à lire et à faire des études. Il n'y a pas d'ancrage du côté de la famille maternelle. Qu'est-ce qui a poussé Elena à garder cet enfant dont elle voulait se débarrasser ? Pour exister Nili va chercher du côté du père et cela tombe bien, il manque, alors elle va y mettre tout son désir pour le retrouver et par là même s'identifier à son histoire et sa fin tragique. Avec Kimia elle reproduit l'histoire que sa mère a vécue, elle est enceinte et Kimia meurt de sa revendication militante. Elle se retrouve seule à élever son enfant qui, ironie du hasard, se trouve être une fille. Sauf que dans le manque affectif de son enfance, elle met l'amour pour cet enfant. Elle a trouvé là ce qui la fait exister."

 

D'autres sont plus nuancés.

­      "L'auteure est imprégnée de Césaire, toute une partie est un peu trop travaillée. C'est pourtant poétique. La première partie, qui parle de la relation à la mère, est assez terrible. On découvre aussi le sort de tous ces jeunes africains venus pour faire leurs études et pour apprendre la langue du communisme."

­      "Je n'ai pas terminé. Au moment où Nili arrive en Afrique, ça devient incantatoire. Il y a quelque chose de raté – tout le monde n'est pas Aimé Césaire – de trop travaillé, de trop artificiel. J'ai été plus sensible à la première partie, au sort de cette enfant noire en Roumanie, dont la mère ne se soucie que de transmission intellectuelle. C'est plus juste que la suite. Mais je vais peut-être changer d'avis …"

­      "J'ai été emballée au début, j'ai beaucoup aimé l'écriture, mais au fur et à mesure j'ai trouvé le texte d'une dureté et d'une cruauté incroyable. L'emprise de la mère est très dure. Pourtant quelque chose m'a beaucoup touchée dans les propos de Nili, qui s'en sort bien par rapport au désamour de sa mère."

­      "Je n'ai pas aimé la première partie. C'est un livre âpre, mais n'est-ce pas une forme d'amour que celui de cette mère, qui veut que sa fille s'en tire ? On apprend également comment les choses se sont passées pour les étudiants en Roumanie. La "poésie" me paraît être du galimatias. Par contre une sorte de sérénité s'installe en Afrique, il y a en tout cas une appréciation très lucide de la situation géopolitique."

­      "Je suis admirative devant ce récit, devant ce type de parcours où se mêlent l'histoire individuelle et l'histoire tout court. Je me suis aussi laissée bercer, il faut accepter un certain lyrisme."

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Mise à jour le 12/04/2024