Marguerite Audoux raconte dans ce roman les 18 premières années de sa vie, à la fin du 19^ème siècle. A la mort de sa mère, elle est recueillie dans un orphelinat puis placée comme bergère chez des paysans. Elle se réfugie auprès de l'affection de certains adultes de son entourage, mais aussi dans la lecture et découvre la littérature.

Le livre a été très bien accueilli à sa parution, il a obtenu en 1910 le prix Femina, et a donné son nom au magazine féminin éponyme. L'auteure a côtoyé certains grands noms littéraires de l'époque. Après Marie-Claire, elle a écrit d'autres romans moins bien accueillis, avant de tomber un moment dans l'oubli.

Cette autobiographie a touché les lecteurs avant tout par son style, à la fois simple et vivant.

-       "C'est un livre exceptionnel, le début notamment qui décrit la mort de la mère. Le style est très agréable et très riche, j'ai été impressionné par la façon qu'a l'économie de la forme de donner un texte aussi vivant. Dans la littérature prolétarienne, c'est une pépite."

-       "J'ai été emportée par la lecture et je partage totalement l'appréciation précédente. L'économie de moyens dans le style et dans les mots m'a rendu ce livre très émouvant. J'ai lu la suite (L'atelier de Marie-Claire), c'est un peu moins réussi, il y a quelques longueurs."

-       "L'auteure met très bien en situation les enfants pauvres placés à cette époque, et on est pris d'une certaine tristesse à penser aux vies auxquelles cela correspond. C'est un peu effrayant, on ne sort pas tout à fait heureux de cette lecture. Ces accents naïfs, c'est triste à pleurer."

-       "Cette enfant a eu en effet une vie difficile, elle a traversé bien des galères, mais au final elle s'en sort, le récit n'est donc pas désespérant. Par ailleurs, l'auteure écrit de façon presque neutre."

-       "C'est un très beau texte, très touchant, par sa simplicité et par le ton que l'on ressent comme sincère. Les choses sont dites simplement, telles qu'elles sont, les émotions de même, telles qu'elles sont ressenties. C'est une belle restitution de ce que l'enfant a vécu, à son niveau d'enfant. Le style est très évocateur, les choses n'ont pas besoin d'être dites explicitement, l'exemple le plus frappant est celui de la mère, au tout début. C'est intéressant aussi de par ce que le livre évoque de la vie des petites gens fin 19ème et début 20ème siècle."

-       "Dès le début très peu de place est donnée à l'émotion, l'auteure veut décrire l'épopée d'une enfance, dans l'instant présent. C'est très simple, voire brut, peut-être a-t-elle voulu rapporter les choses ainsi, garder son regard d'enfant et se détacher de son regard d'adulte. N'est-ce pas une projection du lecteur de trouver ça triste ?"

-       "Oui, elle se met dans la peau de l'enfant qu'elle était. Elle refuse la plainte et écrit de façon volontairement naïve."

-       "Pour moi ce n'est pas volontaire, cette naïveté occulte les affects, comme si elle était tétanisée. J'ai senti un poids comme si c'était le destin."

Même s'ils ne sont pas forcément d'accord sur l'intention de l'auteure quant à l'expression des difficultés de sa jeune vie, les lecteurs ont tous été conquis par ce très beau récit.