Paul est un jeune français venu à Buenos Aires suivre des cours de droit pénal auprès du célèbre professeur Bermúdez. Voulant prouver que la justice est aveugle, il défie son enseignant en commettant le crime parfait : on sait qu'il en est l'auteur, il ne s'en cache même pas, mais c'est impossible à prouver.

Ce roman policier ne se contente pas d'être un polar. L'écriture et la construction ont marqué les lecteurs, c'est une belle démonstration de la façon dont le style soutient une narration. Les chapitres reflètent alternativement le cheminement des pensées de Paul et de son professeur. Pour Paul ce sont de longues phrases qui partent dans toutes les directions, le premier chapitre est d'ailleurs une seule et unique phrase, toute de méandres et de bifurcations. La pensée du professeur est traduite quant à elle dans un style plus structuré, fait de phrases courtes et de dialogues. Mais à mesure que la tension monte, les deux styles finissent par se contaminer l'un l'autre.

Et la tension monte progressivement, avec insistance. On entre dans la réflexion de Paul et l'on voit ainsi son obsession se dévoiler peu à peu, jusqu'aux dispositions prises avant son départ de laisser les films à son père pour que celui-ci les visionne. L'intrigue, très bien construite, se double d'une réflexion sur la justice. Le professeur abandonne tous ses repères, notamment que le droit est là, justement, pour éviter que chacun ne se fasse justice soi même. Touché au vif, il devient aussi pervers que son élève, et enfreint toutes les règles du droit pour que justice soit faite.

On peut encore dans ce roman redécouvrir Juliette Lewis, apprécier les listes obsessionnelles de recettes, de chiffres, de pas, ou encore goûter l'humour du personnage du professeur et de son rôle à la télévision.

Le roman a eu un succès retentissant en Argentine et fait l'objet d'une adaptation cinématographique par Hernán Goldfrid sous le titre Hipótesis.

C'est le premier polar édité par La dernière goutte, on attend les suivants !