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Ouvrage 

Titre:
La sentinelle tranquille sous la lune
Auteur:
Aaron (Soazig)
Edition:
Gallimard
Réunion du:
15.06.2010

Commentaire

sentinelle 

Jean revient chez lui plusieurs mois après la fin de la guerre de 14-18. Les raisons de ce retour tardif, ainsi que sa vie et celles de ses proches, seront racontées plus tard à une enfant qui, devenue adulte et écrivain, en fera le récit.

 

Ce livre qualifié d'excellent présente de vraies qualités de style, d'originalité, de construction. Le début est pourtant déconcertant, difficile, l'accroche n'est pas immédiate, il faut entrer dans le rythme, accepter les sauts temporels. "C'est difficile à lire mais on sent que c'est une très belle histoire" et "plus on avance mieux c'est".

 

L'écriture de la mémoire partage l'effort avec le lecteur, incluant dans le texte les interrogations sur les événements : comment est-ce que ça a pu se passer, comme ceci ou alors comme cela ? Le travail de la mémoire est laborieux, il tire les souvenirs, comme avec un aîné qui raconte, s'interrompant et changeant de sujet. Et le lecteur ne sait plus toujours où il en est. L'usage du conditionnel amène parfois à douter, est-ce une pure fiction ou, au moins partiellement, une tentative de reconstitution ? Le procédé en cascade – Adélaïde dit à Jean qui le dit à tante Amandine qui le raconte à l'enfant – donne au processus de transmission beaucoup de relief. Peut-être l'écriture est-elle peu trop travaillée ? N'y a-t-il pas trop de détails, de choses, d'adjectifs, d'accumulation de mots rares et anciens (peut-être des régionalismes), comme si l'auteur avait voulu mettre tous les romans qu'elle veut écrire en un seul ? Ce foisonnement un peu perturbant est peut-être le défaut d'un premier ou deuxième roman. Du coup on est partagé entre le charme indéniable du style et l'exploitation un peu trop systématique des procédés.

 

Ce style original crée pourtant une atmosphère pleine de vie, de tendresse et de pudeur malgré l'évocation de la guerre et de ses horreurs. On est en effet dans le point de vue de l'enfance et dans la façon dont la narratrice se construit par rapport à ce qu'on lui raconte. Les descriptions sont très justes et certaines scènes sont presque des nouvelles : la recherche de la tombe, la petite fille qui apprend à marcher. C'est aussi drôle parfois : "Elle ne connaît pas Freud et réciproquement". Une phrase habile "Je raconte d'abord la branche A" met la narratrice (et le lecteur) dans l'attente de la branche B qui … (mais ne dévoilons pas tout). Toute l'histoire est imprégnée du secret qui change la vie de Jean, secret qu'on croît reconnaître assez rapidement dans la mort de Charles et qu'on ne découvre qu'à la toute fin du roman, avec l'explication du titre.

 

Le premier roman de Soazig Aaron, Le non de Klara, lui aussi juste et sensible, est plus linéaire, plus dense, avec un champ lexical plus ramassé. Il a obtenu en 2002 la Bourse Goncourt du premier roman et le prix Emmanuel-Roblès.

 

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Mise à jour le 12/04/2024