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Ouvrage 

Titre:
Ceux qui restent
Auteur:
Coquard (Benoît)
Edition:
La Découverte
Réunion du:
12.11.2024

Commentaire

ceux-qui-restent-faire-sa-vie-dans-les-campagnes-en-declin 

Benoit Coquard, sociologue à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), étudie dans "Ceux qui restent" la vie et les aspirations des jeunes dans les territoires ruraux en déclin du Grand Est.

 

-       "C'est un des rares essais que j'ai terminés et dont j'ai retenu quelque chose. Tant du point de vue de la sociologie que des relations humaines, du travail, des lieux, … J'y ai trouvé pas mal de choses que je n'avais mesurées, comme l'importance des groupes de gens qui ne sont pas du même village (le foot, la chasse, …), et l'importance de l'entraide pour ceux de son groupe. On voit à quel point les lieux de sociabilité changent. Cela m'a plu de voir ce portrait-là."

-       "L'auteur décrit bien les rivalités, les différences entre hommes et femmes, entre ceux qui travaillent et les autres, et l'importance du groupe auquel on appartient. Ceci dit c'est une thèse universitaire, elle en a les particularités, ce n'est pas toujours très fluide et il y a des répétitions."

-       "On apprend des choses, d'autant que le livre va à l'encontre des lieux communs. L'auteur ne situe pas précisément les lieux, on est quelque part dans le Grand Est, parfois en Alsace-Moselle, là où il n'y a plus ni industrie ni agriculture, où il reste quand même quelques grandes familles. Il y a de l'entre soi, du piston, des bonnes combines, à condition d'être reconnu comme travailleur, bosseur. La confiance et la réputation sont en effet essentiels."

-       "Ça m'a gêné que l'auteur utilise le terme de "petits blancs", qui n'appartient pas au vocabulaire de la campagne. Bien qu'on se doute qu'il s'agit de qualifier des personnes déclassées, c'est bizarre d'utiliser ce terme sans l'expliquer, par rapport à son contexte raciste."

-       "La situation de l'auteur est particulière, car il a vécu dans un de ces villages. Il s'est attaché à sa génération, c'est pour lui sûrement quelque chose d'affectif."

-       "La distinction entre ceux qui partent et ceux qui restent est assez genrée. Mais il faut dire qu'il n'y a pas beaucoup d'emploi pour les femmes."

-       "Il faut souligner qu'ils sont quand même contents de vivre là où ils sont, par rapport aux inconvénients de la ville. Ils mettent souvent en avant leur qualité de vie."

-       "Je ne crois pas qu'on ne sache rien de la ruralité. L'auteur verbalise concrètement ce qu'on peut imaginer. Leur situation et leurs relations (aux femmes, au travail, …) ne sont pas liées qu'à l'endroit où ils sont, mais aussi à leur condition sociale, à la pauvreté matérielle, aux circonstances, … Ils sont dans leur cercle, comme nous vivons tous dans des espèces de cercles.

J'ai été intéressée par les petits dialogues lors des interviews. Les gens n'ont pas idée de ce qu'ils évoquent pour d'autres populations, ils ne savent pas comment ils sont perçus."

 

-       "Cela m'a fait penser au livre "Nos enfants après eux" de Nicolas Matthieu. Il y a un petit rapport aussi avec les cités, ceux qui traînent ce sont les garçons."

-       "Quelle est la finalité de la thèse ? Est-ce mieux ou pas, y a-t-il quelque chose à faire ? On reste entre espoir et déception. Ce n'est qu'un état des lieux."

-       "Comme toutes les thèses de doctorat celle-ci n'est pas fluide dans le sens de la complexité des témoignages et de leur analyse. Pour saisir l'essentiel de ce travail, je me suis attachée à ce qui revenait le plus souvent, les hommes qui restent et les relations entre les hommes et les femmes de la classe d'âge de l'auteur et comment ils se débrouillent avec la précarité. Il y est question d'autonomie, d'entraide corrélées à des conflits avec peu ou pas de témoignages de relations avec les "anciens" et les institutions du village (mairie, poste, travail communal).

Ces interviews peuvent se situer n'importe où sans lien avec le fonctionnement d'un village particulier qu'il soit industriel ou agricole. Il insiste sur les codes que ces jeunes utilisent dans le village dont il est issu, les potes, le clan, la réputation. Peut-on les généraliser à d'autres lieux ?

Cela reste une recherche intéressante dans le passage de l'adolescence à l'adulte par identification aux autres du groupe, les frères et non les pères, et soutenu par la naissance des enfants.

 

-       Les jeunes parlent quand même des pères, ils essaient de se valoriser par rapport à leurs pères.

-       J'ai lu avec beaucoup d'intérêt "Ceux qui restent".

Je connais ces régions désertifiées du Grand Est, en particulier la Haute-Marne et j'ai vu leur évolution depuis 1970. L'auteur, sociologue, décrit et explique très précisément le changement lié à la désindustrialisation.

Ce qui est intéressant c'est l'étude des générations et la description minutieuse des jeunes, grâce aux détails on appréhende complètement leur mentalité.

Pour certains lecteurs, ce travail peut paraître ennuyeux ou répétitif mais c'est une enquête fouillée et très incarnée.

-       "J'ai trouvé ce travail très intéressant, avec quelques bémols sur la forme : c'est parfois un peu trop détaillé, on ne sait pas toujours où on en est."

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Mise à jour le 18/01/2025